28 décembre 2006

Un taupe rondement mené : Part Ouane



Où l'auteur donnera une définition du bon goût de l'année 2006 en rauque, paupe et faulke.

D'abord, il va sans dire que contrairement à de bien nombreuses revues soit disant spécialisées mais dont la prose recherchée cachent bien mal des vues bassement mercantiles, mon taupe faive s'avère réalisé en rigoureuse indépendance de quelque pression que ce soit. Par conséquent, le classement que vous trouverez ci-joint ne saurait souffrir aucune réclamation, fusse-t-elle sur la forme, de votre part. Vous seriez par ailleurs bien avisé, si vous veniez à vous rendre compte d'un manquement dans votre discothèque qui serait présenté ici, à bien vouloir réparer cette déplorable erreur dans un délai de 15 jours passé la publication de ce dit-post, après quoi, il sera donné tout pouvoir à la police du bon goût afin de vous ramener dans le droit chemin.

5 Flaming LipsAt the War with the Mystics

La chanson qui ouvre cet album contestataire à la mode (Bush, blabla...), The YeahYeahYeah Song...(With All Your Power) vaut à elle seule l'achat de cette album :
Mélodique, entraînante, délirante elle constitue un véritable petit concentré de tout ce que les flaming lips savent faire de mieux : de la pop barrée, de l'or en barre.








4 iLiKETRAiNSProgress/Reform


J'ai fait une chronique sur le post précédent, j'ai la flemme de me répéter, d'autant qu'il vous suffit d'aller .

Non mais.









3 Mojave 3Puzzle like You

Après le somptueux Spoon and Rafter, les anglais menés par Neil Halstead (rescapé des très fréquentables Slowdive) s'offre avec Puzzles Like You, un joli bain de soleil pop. Le disque est sorti au début de l'été. Il continue de réchauffer l'hiver.









2 Joanna NewsomYs


Mieux vaut aborder d'abord les points qui fâchent : Primo, Joanna est bavarde. Très. Tellement qu'on voudrait bien qu'elle se taise parfois histoire de nous laisser un peu respirer et profiter des très beaux arrangement de Van Dyke Parks.
Deuzio, le sticker promotionnel de la galette affiche fièrement Steve Albini (harpe) et Jim O'Rourke (Orchestre) à la production. Sauf qu'en musique l'arithmétique est est telle qu'un plus un n'égale pas forcément deux, d'où une production général un peu plate pas très inspiré.
Le gros point fort de cet album, c'est que dès les premières notes d'Emily (qui ouvre l'album), on oublie tout et on se laisse transporter tout au long de ces cinq chansons étendues, oniriques, épiques. Magique.


1 Final FantasyHe Poos Clouds

37 minutes. C'est pendant ces toutes petites 37 minutes que monsieur Violon de chez Arcade Fire, Owen Pallett nous prouve avec talent que non, ce n'est assurément pas la longueur qui compte (bordel c'est vraiment nul) et que les plus grands chefs d'oeuvre intemporels ne durent parfois que le temps d'un éclat éphémère, mais la persistance est tenace.








Voilà. C'est tout pour aujourd'hui.
Pour les éventuels grognons qui me feront la remarque que nulle part je n'indique comment sonnent ces albums, je n'aurai qu'une réponse : Les liens, c'est pas fait pour les chiens.


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15 décembre 2006

iLiKETRAiNS – Progress – Reform



-Mais qu'est ce donc...
-Mais c'est...
-Non, c'est impossible voyons !
-Mais si c'est bien ça !!
-Bubu ! il est vivant !! Oh mon dieu je crois que...
-Pamela, remets ta robe immédiatement veux tu !


Si la presse les compare à un croisement entre Sigur Ros et Nick Cave, j'y vois plutôt des disciples éclairés de Mogwai qui auraient un peu trop écouté du Joy Division. Car les chansons d'iLikeTrains, si l'on leur retire la voix, on plus à voir avec les envolées lyriques des fougueux écossais que les atermoiements des islandais. Bon, pour Nick Cave, je connais pas alors je dis rien, n'empêche, dans le genre, ça fait longtemps que je n'avais pas entendu quelque chose d'aussi rafraîchissant. Rien de révolutionnaire dans tout ça, mais des chansons bien troussées, une ambiance reconnaissable entre milles et des explosions de guitares telluriques qui font que le groupe possède d'emblée une identité bien distincte, une vraie personnalité qui devient hélas de plus en plus rare à mesure que le créneau du post-rock-shougazien (oui je viens de l'inventer) se remplit de groupes sans âmes clonant sans vergogne les mêmes morceaux aux schémas interchangeables.

iLikeTrains

Le morceau du jour : Modeselektor-Dancingbox


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11 octobre 2006

Teaser

Eh non, ce blog n'est pas mort ! enfin pas tout à fait.

Le temps que je trouve un theme un peu correct et je me remets à écrire, mais cette fois ci, sur une seule thématique qu'elle est trop bien et super originale : la musique.

L'album du jour: The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble-S/t


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02 août 2006

Et la confiance grandit (Epsilon-Machine Mix)

Il est des jours comme celui-ci qui n'arrivent qu'une seule fois dans la vie. Enfin, on aimerait bien.
L'histoire que je vais vous raconter renvoie cette tapette de Jack Sparrow dans les tréfonds de l'ennui, et nécessite une grande attention de la part du lecteur que vous êtes. Aussi vous demanderai-je de bien éteindre vos téléphones portables.

I - Prologue

C'était par une belle journée d'août que nous, humbles stagiaires du LaipsSiks sortîmes dans la rue dans un but purement nutritif. Me rappelant, non sans malice, ne pas avoir de liquide sur moi, je m'en allai au distributeur le plus proche afin d'obtenir de quoi me payer un hot-dog et une boisson fraîche. Une fois arrivé, je glissai d'un geste à la fois souple et ferme le sésame de ma fortune dans sa fente accueillante. Allissa poussa alors un petit feulement de jouissance qui n'était pas sans rappeler le piaffement d'un pi... pardon je m'égare.
Je disais donc, une fois l'outil bien enfoncé, le code tapé et le montant du retrait indiqué, quelle ne fut pas ma surprise de m'apercevoir que ce petit coquin ne voulait pas m'offrir le moindre euro, où plutôt, que mes possibilités de retrait étaient épuisées !?
Un incident semblable m'étant arrivé il n'y a pas si longtemps que cela, je m'en allai vers le distributeur de ma chère banque afin de lui demander des comptes. Chose dont il s'acquitta fort bien, avant de rechigner une nouvelle fois lorsqu'il s'agît de m'offrir espèces sonnantes et trébuchantes.
Ce nouveau refus me mit la puce à l'oreille et, suivant l'exemple courageux et canin de Lassie, j'entrepris de connaître le détail des mes opérations financières. Opérations qui m'apprirent peu de temps plus tard qu'un illustre inconnu m'avait délesté de quelques 250 € à la Postbank.
Il ne m'en fallait pas plus pour repartir à l'aventure.


II – « I shot the sherif »


Je décidai donc de m'informer à la première poste venue (oui je suis à La Poste et je vous emmerde) de ce regrettable incident, dont j'étais sûr qu'il disparaitrait comme il était venu : sans un bruit.
Du premier guichetier que je rencontrai, je n'eus hélas que de maigres informations : il me conseilla de m'adresser à la « Madame dans son bureau ».
La « Madame dans son bureau » semblait fort occupée quand je l'interrompis, m'excusant plusieurs fois de l'importuner, mais il fallait bien que quelqu'un m'aide.
Une fois les faits exposés, cette personne, au demeurant fort sympathique sembla plonger dans une intense introspection, de laquelle il ne ressortit qu'un papier imprimé avec pour seules explications : « Je peux rien y faire mon pôv' monsieur, faut aller voir la police et pis vous revenez et on voit après d'accord ? ». D'un naturel calme, j'acceptai cette réponse et me mis en chemin pour m'acquitter de cette tâche.
Il me fallut du temps pour trouver ce commissariat et je dois dire que, sans le drapeau aux couleurs chatoyantes de notre fier pays dont le flottement mou n'était pas sans rappeler l'état de l'appendice présidentiel, je serais peut-être encore en train d'errer à l'heure qu'il est (il est 20:05).
Il y avait à l'accueil de cet imposant bâtiment, dont l'érection en plein coeur de Paris n'était pas sans rappeler celle que j'avais eu ce matin même, deux personnes : une belle et une moche. Je m'adressai en premier lieu à la belle, qui me redirigea sur la moche.
Aux succintes explication des raisons de ma présence, la moche me répondit :
- Ah mais il me faut le relevé de vos opérations banquières, mon bon monsieur
- Ah bon ?


A suivre

L'album du jour : Venetian Snares-Cavalcade Of Glee And Dadaist Happy Hardcore Pom Poms


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15 mars 2006

Lutte des classes, topless et marmottes

Suite aux demandes insensées de mes nombreuses groupies, dont la plus hystérique n'est autre que Glou, je me vois dans l'obligation de clarifier ma position quant au CPE.

Vous n'êtes pas sans savoir, cher lecteur, que notre beau campus fait l'objet depuis quelques semaines d'une agitation inhabituelle.
Certaines personnes auront pu, en tendant l'oreille, entendre les mélopées gracieuses, mais non moins militantes, de quelques étudiantes dans la fleur de l'âge (on le serait à moins en cette période pré-printanière).
De ces graciles bouches, des syllabes, modelées par le mouvement fluide de lèvres purpurine, s'envolaient dans l'air et s'entrechoquaient pour former quelques incantations elfiques, opaques pour le prophane, mais dont la sonorité ferait naître en chacun de nous l'envie irrépressible de s'initier aux rites ancestraux dont ces amazones juvéniles se tenaient en gardiennes.
Le passant, donc, pouvait entendre ces termes (retranscrit maladroitement, certes, votre humble serviteur n'ayant la grâce de ces nymphes) :
« Villepin, ton CPE on va te le foutre au cul ! »
« Sarkozy nazy ! »
« T'aurais pas une clope ? »

Attiré tel Ulysse, par ces sirènes irréelles, je me dirigeai donc vers un lieu que l'on m'indiquait, lieu oscur et menaçant, communément nommé « Amphi » . Une fois ma place acquise, je pus à loisir écouter les différents protagonistes, et crû comprendre qu'il s'agissait là d'une assemblée de doléances, ou chacun pouvait exprimer ses souhaits et désirs, dans l'attente qu'ils furent exaucés par ces bienveillantes nymphes.

Comprenant là qu'il s'agissait de mon seul espoir de voir aboutir quelques unes de mes requêtes qui me tenaient à coeur, et que je ne pouvais jusqu'ici adresser à Dieu (d'ailleurs, si tu m'écoutes, t'es rien qu'un sale batârd de ta race), j'entrepris alors de lever mon bras, ce qui eut pour effet de m'infliger une crampe mémorable.
Je compris vite, cependant, en regardant autour de moi, que je n'étais pas le seul pauvre bougre à quérir l'attention de ces demoiselles :
De nombreux gueux erraient ici, les cheveux sales et en batailles, les fripes déchirées et la mine encore marquée de la vinasse d'hier, et tous semblaient attendre que le sort se penche sur eux et leur fasse entrevoir un avenir meilleur.
Les demandes de la plupart d'entre eux laissaient deviner une dégradation de leurs facultés cognitives déjà bien avancées, et, bien que je ne pus comprendre entièrement leurs conversation, je compris bien vite que ces pauvres âmes étaient en état de manque d'une de ces nouvelles drogues, dont la formule chimique neutre et impassible, « CPE » cachait d'effroyables effets dévastateurs (on parlait notamment de précarité forcée, voire de sodomie sans agréments exercée sur le brave travailleur).

Puis ce fût mon tour. Une jeune danaïade me demanda alors d'exprimer mes souhaits. L'attente me fut propice et j'en avais profité pour rôder mon discours :

"Camarades, camarades, je me réjouis de me retrouver parmi vous en ce jour, et je ne puis cacher mon immense joie d'enfin pouvoir vous adresser, gracieuses et agiles gazelles, mes souhaits les plus chers et les plus profonds.
Comme vous ne le savez peut-être pas, au fin fond de ce pays sauvage et hostile qu'on appelle les Alpes, existe un fier peuple de petits rongeurs marxistes, un peuple maintes et maintes fois repoussé par les hordes de vils bergers capitalistes enculés de mes deux, un peuple harcelé par les milices fascisantes de rapaces diurnes à l'accent allemand fortement douteux. Et pourtant c'est un peuple debout, oui mes frères et mes soeurs. Debout, sur leurs pattes arrières, les marmottes résistent.
Mais pour combien de temps ?
S'ensuit un appel vibrant à la solidarité avec le peuple marmotte, j'avais fait un super truc, si si j'vous jure, sauf que mon texte était dans la poche gauche de la veste que je viens d'emmener au pressing. Comme quoi tout peut arriver, m'enfin bon c'est pas grave, l'important c'est que tu kiffes la vibe du moment que je te raconte. Yo.

Un autre point important que je voudrais soulever me tient plus à coeur :
Comme vous le savez le printemps approche, et au printemps, il est de l'habitude de la femelle de se dévêtir partiellement afin de mieux profiter de la brise légère qui lui parcours les avant-bras. Or mes amis, vous n'êtes pas sans avoir qu'une imbécile coutume interdit la donzelle de profiter pleinement de ce confort total, de cette sensation du vent frais qui vient caresser son corps libéré de toute entrave. Aussi pour cette liberté fondamentale qui vous est honteusement refusé je demande l'abrogation totale du vêtement pour la gent féminine !"

N'importe quel public normalement constitué eût alors constitué une standing ovation triomphale pour ce qui constitue, à ma connaissance l'une des revendications les plus progressistes qui soit.
Mais ici, rien.
Niet.
Nada.
Queud'.

Les plus enthousiastes haussèrent à peine les épaules, les autres me regardaient avec une expression toute bovine, et je compris dans leur regard la tragédie de notre époque.
Je m'en allai alors, déçu, et décidai d'aller me pinter la gueule.



L'Album du jour : Dominique A - L'Horizon


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13 mars 2006

Ba alors, qu'est-ce tu fous ?

Puisque le maître des lieux nous a abandonné pour la lutte armée, autant en profiter pour repeindre les murs en magenta.


Il est étrange de constater le silence assourdissant de ce blog sur ce qui se passe actuellement à Gnussieu. Pas un mot de Bubu sur un sujet dont il est pourtant friand, un silence d'autant plus étonnant qu'il s'agit là de son domaine de prédilection, un peu comme si mamie nova ne donnait plus son avis sur les crèmes dessert.
Pourtant, Bubu, je l'ai connu plus disert sur les grandes préoccupations sociales de notre temps. Il fallait le voir prendre violemment position contre le projet de constitution européenne, arpentant les débats de boisson pour participer aux débits, dévidant son trop-plein d'exaspération citoyenne devant ce gouvernement anti-social. Mais, aujourd'hui, tout semble brisé. Bubu ne prend plus part aux vociférations, il est tout près de se ranger dans la cohorte des sans-avis, indifférent au blocage de son université et pas loin de ne plus s'offusquer de ce nouveau contrat concocté avec soin pour lui laisser, à lui comme à d'autres, le plaisir adolescent de s'insurger.
Point d'insurrection pourtant. D'autre que Bubu ont pris la tête du mouvement. Lui promène sa démarche mal assurée dans les manifestations, sans plus aller au contact avec les CRS toujours prêt à partager leur point de vue.

De réflexion sur le fond - ce drôle de contrat - ou sur la forme - cet embargo embarqué de l'université - il n'y a point ici. Nul doute que ce post entraînera une réponse, mais on eut aimé un éclairage moins commandé, avec cette spontanéité non exempte de maladresse dont il sait faire preuve lorsqu'il enjambe le monde arabe sans plaindre les Irakiens.

Alors, pour ou contre le CPE, ma foi, quelle importance ? Les positions qui font consensus n'ont guère d'intérêt. C'est sur d'autres choses qu'il serait utile de l'entendre : comment assume-t-on tous ceux avec lesquels on défile, que penser du fameux "je préfère avoir tort seul que raison avec les autres", etc... Il trouvera bien d'autres petites choses à dire, pour peu qu'il veuille bien sortir de son assourdissant mutisme.


Le morceau du jour : Little Red Riding Hood Hit The RoadRobert WyattRock Bottom


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21 février 2006

Où il sera question de régularité

Il paraît que je n'ai pas posté de nouveau message depuis bientôt un mois.

Certes, il y a dans ce propos, qui se veut informatif dans la forme et menaçant sur le fond, une part de vérité, qu'il ne me viendrait même pas à l'esprit de mettre en doute.
Et j'aurais beau jeu de justifier cette absence par quelques simulacre d'explication foireuse, d'autant que Glou, lui, poste avec une régularité qui lui fait honneur.

Oui mais...

Oui, mais, disais-je donc avant d'être interrompu par moi-même et ce, pour ménager un suspense intolérable qui ne saurait durer trop longtemps, ma vie est-elle aussi palpitante pour qu'à l'instar de Glou, j'en tire des anecdotes suffisamment savoureuses que vous puissiez raconter le lendemain à Josie, la secrétaire du Bureau du DRH, qui vous fait de l'oeil depuis la fois où elle avait écouté, crédule, votre récit rocambolesque de la libération de Florence Aubenas, à laquelle vous participiez la nuit, alors que vous passiez vos journées à rédiger le rapport annuel de la vente de saucissons Bambino : "Si c'est Bambino, c'est jamais trop" ?

He bien non, je ne le crois pas.

Aucun canard, aussi malpoli soit il, ne vient se ramasser le bec contre l'asphalte à 2 mètres de moi, en compagnie d'un pachyderme hystérique.
J'ai toujours réussi à démarrer et à éteindre un ordinateur correctement sans pour cela avoir à faire appel à une hotline d'incompétents.
Enfin, je n'ai jamais eu le plaisir d'écraser une vieille, bien que l'envie me prenne aussitôt que, dans le bus, j'en vois une se ruer sur une place assise, généralement côté couloir, ne pas daigner se lever pour me laisser m'asseoir sur la place côté fenêtre, alors que cette même vieille descend généralement une quinzaine d'arrêts plus loin, et ne daignera pas non plus se lever pour me laisser sortir, m'obligeant à effectuer quelques contorsions plus ou moins prononcées, en fonction de la corpulence de la connasse.

Bref, si je ne poste pas, ce n'est pas par flemme, loin de là, mais bien parce que je n'ai rien à dire.

Le morceau du jour : Jackson and His Computer Band-Utopia


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Réflexions sur les canards sauvages


Puisque le ciel est obstinément gris et que, trop souvent hélas, diverses obligations m'obligent à sortir de chez moi, je me décidai ce matin à secouer ma torpeur ordinaire et me levai avant l'aube pour me préparer. Je n'ouvre jamais mes volets avant le lever du soleil, d'abord parce, vieux et grincheux, ceux-ci rechignent à grincer avant huit heures, ensuite parce que de rares passants trop curieux pourraient alors à loisir me contempler au lever, ce qui n'est un spectacle agréable ni pour eux ni pour moi.


C'est donc inconscient des dangers que je sortis de chez moi, à l'heure où blanchit la campagne. Comme souvent j'étais vêtu en dépit du temps, et cette considération me frappa tout à fait lorsque j'arrivai trempé à l'arrêt de bus post-apocalyptique où j'attends trop longtemps chaque matin l'hypothétique mastodonte à roues qui me conduit à la gare. J'en entends déjà, des irrévérencieux, me dire : "Tu n'avais qu'à prendre un parapluie", ce qui est une double aberration lorsqu'on sait que, d'une part, les parapluies ne sont utiles que par petite pluie fine valant mieux qu'un petit froid sec, et que d'autre part le nombre de morts par parapluie augmente chaque année.
Quoi qu'il en soit, j'en étais là de mes considérations philosophico-prête-à-porter lorsque j'avisai une comète jaillissant des cieux contrariés. La grosse femme en k-way orange qui prend régulièrement le bus en même temps que moi le vit aussi et poussa un brâme d'oie en désignant de son gros doigt l'objet qui filait dans les airs. Sans doute dut-elle faire un voeu, se conformant ainsi à l'absurde croyance populaire que le passage d'une comète est un signe de chance - les dinosaures me comprennent. Cependant, je n'eus pas le temps moi-même d'envisager le quart du début d'une prière au dieu inconnu, que déjà la comète fonçait vers nous et s'écrasait mollement sur la route, éclaboussant légèrement autour d'elle.
La nature est bien faite. Prévoyant qu'il nous arrivait là, à la grosse femme et à moi, un événement digne de figurer au panthéon de nos aventures extraordinaires personnelles, le temps sembla s'arrêter. Je vis alors entre les gouttes que notre comète était un canard sauvage, une de ces charmantes bestioles emplumées qui sont très célèbres ces derniers temps, pour d'obscures raisons journalistiques qu'il serait trop long d'expliquer.
J'étais stupéfait, bien sûr. Ce n'est pas tous les jours que l'on assiste à un atterrissage forcé. Je ne dis pas qu'il ne m'est jamais arrivé de voir un oiseau me jouer le remake du 11 septembre en venant s'écraser sur mes fenêtres, mais c'était tout à fait différent. Un oiseau, même très intelligent, a le droit de confondre une vitre transparente avec une vitre ouverte, c'est son droit le plus strict. Mais de là à confondre une route goudronnée avec une vitre ouverte, je trouve ça un peu gonflé.
La grosse femme m'arrêta net dans mes réflexions en s'évanouissant à moitié, hurlant à la mort oh mon dieu mais c'est terrible. Je tachai de deviner en quoi ce narcisse emplumé, amoureux sans doute de son reflet dans une flaque, pouvait déclencher chez ma co-voyageuse un tel débordement. Je n'eus pas le temps de le lui demander car elle s'enfuit en courant, agitant sous la pluie ses petits bras boudinés et oranges, en braillant des mots que je ne compris pas.

Le bus en arrivant à l'arrêt avec ses dix minutes de retard réglementaire roula sur le canard sauvage au grand plaisir des deux enfants qui l'observaient depuis l'autre côté de la route. Je suppose qu'ils furent enthousiastes, après que le bus ait redémarré, en lisant la marque des pneus sur le corps de l'animal.
Pour ma part, je pris le bus seul ce matin et arrangeai le retard du bus avec le retard du train. La nature, y a pas à dire, est bien faite.

Le morceau du jour : Waltz for RuthCharlie Haden-Beyond The Missouri Sky


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03 février 2006

Le vertige de l'ordinateur

Plus encore que le pâté de foie pas frais, je hais les ordinateurs.

Comme le cintre de Desproges, l'ordinateur agresse l'homme par pure cruauté. L'ordinateur est du genre à mettre une photo d'Haïti sur son bureau ; et puis il est moche, il a la gueule pleine de boutons, ses souris sans fil, un humour à la clavier ; l'ordinateur n'hésite pas à mettre les hauts parleurs enceintes, au mépris de la convention de Genève.
L'ordinateur est un con qui tous les jours fait le tour des périphériques intérieur et extérieur.

Et pourtant, malgré cette répulsion toute physique, je l'ai aimé, autrefois, au temps béni où nous marchions de concert. Je l'ai aimé et puis les choses se sont envenimées, comme s'il me reprochait d'avoir lorgné sur un portable.
Vint ce jour terrible de décembre où l'ordinateur m'a jeté au visage des insultes terribles. Je lui ai dit qu'il commettait une erreur fatale, qu'il avait un devoir de mémoire envers moi... Rien n'y fit. "System root/system 32/hal.dll manquante ou introuvable ...". Me dire ça à moi, moi qui est toujours pris soin de lui laisser des petits mots sur son poste de travail pour qu'il retrouve son chemin, nous les appelions raccourcis... Hélas, il avait raison celui-là qui a dit que lorsque l'ordinateur se met à vous parler en anglais, c'est mauvais signe.
J'ai tout fait pour recoller les pots cassés, je lui ai présenté de nouveaux pilotes, je l'ai laissé surfer dans des endroits pas nets, je l'ai emmené en week-end chez le revendeur Fnac, pour qu'il retrouve ses amis, les gens de sa famille, je suis même passé sous la nappe (conseil de Bubu) pour lui ... Mais l'ordinateur, inflexible dans sa rebellion, refusa de négocier. A Disk read error occured. Press Ctrl Alt Del to restart.
Comment peut-on être aussi méchant ?
Je suis allé consulter un de ces proches, psychiatre par téléphone, qui diagnostiqua une schizophrénie du disque dur ; "Il faut l'envoyer en clinique", me dit-il en brisant le doux espoir que ce n'était qu'un petit passage à vide.

Alors, ce matin, dés l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, je l'ai pris par la main, cet ancien ami devenu insupportable à ma vue. Je l'ai conduit dans cette clinique spécialisée, la mort dans l'âme, l'unité centrale dans le coffre.

En rentrant chez moi, l'âme allégée de ce poids, je me suis rendu compte de cette haine qui m'agite désormais. Je n'en suis pas fier. Mais l'ordinateur est un parasite de l'informaticien, une erreur de la nature au même titre que l'ornithorynque, le C++ ou les hémorroïdes.
Le genre de désagréments qui vous font chier.
Plus que tout, je hais les ordinateurs.

Le morceau du jour : Desolation Row
Bob Dylan - Highway 61 Revisited


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02 février 2006

Où il est question de cagnotte

Il faut dire ce qui est : les vieux ont un courage rarement égalé.


En certaines circonstances, il peut arriver que le citadin de plus de dix-huit ans ait besoin d'enfiler sa voiture, par exemple pour aller remplir une grille d'euromillions au bar-pmu du coin. Le trajet, qui ne dure pas plus de cinq à six minutes, rencontre souvent un de ces drôles de machin tout droit et fichtrement bigarré qu'on appelle feu tricolore. Une coutume française veut que lorsque la couleur allumée est le rouge l'automobiliste doive s'arrêter et attendre en tapotant nerveusement sur le guidon.

A trois de front à ce carrefour, coincé entre une camionette à peine plus blanchâtre qu'un blanc d'oeuf monté en neige et une boîte à savons scandinave, le citadin peut avoir l'impression qu'on cherche à le prendre de vitesse au démarrage. Or le citadin est fier et belliqueux ; c'est un trait de caractères qu'il tient de ses ancêtres les gaulois, tête de noeud et bite en bois.
Le rouge est bref et doit nécessairement passer au vert. A cet instant où la pupille du citadin enregistre l'infime clignotement du feu, il est naturellement tenté d'écraser l'accélérateur pour griller au poteau l'infâme camionette Darty et l'horrible petite voiture cubique. Mais c'est sans compter le courage inouï des personnes âgées ...

Reconstitution, et pas seulement européenne :
Georgette Duglandménil était décidée ce matin-là à remplir sa deux-cent-cinquante-quatrième grilles d'euromillions de l'année. Elle avait donc enfilée ses vêtements défraichis, mis ses bas de contention, mis en place sa jambe de bois et attrapé sa canne ; n'écoutant que son mari, elle était ensuite allée remplir sa grille avec les dates de naissance de ses enfants, petits-enfants et autres rejetons plus ou moins naturels. Bien sûr, il arrive un moment où il faut bien rentrer chez soi pour préparer le déjeuner, et Georgette, qui a froid dans son ensemble Emaüs, s'avance sur le trottoir. Du coin de l'oeil elle voit bien le petit bonhomme tout rouge qui lui fait signe de patienter avec lui pendant que le bonhomme tout vert est en pause-pipi. Mais Georgette elle se laisse pas dicter sa conduite par ces connards de mégalos-trotskistes ; n'écoutant que son courage, elle le prend à deux mains et s'engage en boitillant sur le passage-piéton.

Les obsèques auront lieu lundi matin au cimetière Mahomet.


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29 janvier 2006

Réflexion alcoolique sur la dialectique du bonheur

En supposant que le bonheur et le malheur puissent être quantifiables, et que les deux, additionnés en quantités égales, s'annulent, pouvons nous en déduire que le malheur d'une personne fait systématiquement le bonheur d'une autre ?

En poursuivant le raisonnement, est-il possible qu'un individu concentre un taux de malheur si fort, qu'il faille plusieurs individus élémentairement heureux pour que la somme soit égale à zéro ?

Par là même, ne faudrait-il pas, à l'instar d'un salaire, imposer un revenu de bonheur minimum par personne ? ainsi qu'un seuil de malheur maximum ?
Il conviendrait alors de réglementer les évènements producteurs de bonheur (resp. de malheur) et les placer sous tutelles de fonctionnaires chargés de la bonne répartition de malheurs et de bonheurs dans notre cher pays.
Comme il va de soi que la vie est d'une complexité trop grande pour être entièrement dirigée, leur rôle consisterait plus en une compensation mensuelle de l'humeur inverse à celle reçue en excès. Il faudrait alors décider des équivalences entre différentes productions de bonheurs et de malheurs :

Par exemple gagner au loto pourrait être compensé par la perte d'êtres chers, dont le nombre exact serait calculé en fonction du montant de la somme arrondie (le reste étant composé de désagréments habituels).
Pourtant ce système amènerait d'autres problèmes : La perte d'êtres chers ne pourrait-elle pas entraîner de malheurs en quantité trop importante chez des individus autres que le protagoniste (une sorte d'effet domino) ?

Vous avez une heure.

L'album du jour : Mice Parade - Obrigado Saudade


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14 janvier 2006

Juste histoire de poster....

Comme vous l'aurez remarqué, j'ai pâs posté grand chose dernièrement.
Pas de vrais raisons à cela si ce n'est qu'une vraie lassitude s'intalle en moi en ce moment, enfin bref...
Si j'en ai le courage (et si je suis encore vivant) je vous ferai ptête un petit compte rendu de la soirée du 12 janvier du festival Octpous (c'était très bien)...

Le morceau du jour : David Sylvian-The Ink In The Well


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03 janvier 2006

91 € de musique

Quelques commentaires sur mes derniers achats :

Eight Frozen Modules - Crumbling and Responding(écouter)

Eigth Frozen Modules (Efm pour après, je vais pas me faire chier à réecrire ce nom) font une electro bien sympathique, qui ne révolutionne en rien le genre,
mais offrent une alternative bienvenue aux grand pontes avec un zeste d'humour bienvenue. On pourrait les rapprocher des Mouse on Mars, pour ceux qui connaissent.
C'est punchy, bordélique et plutôt jouissif, mais un peu trop court (35 minutes).


Quinoline Yellow - Dol Goy Assist (écouter)

On ne s'éloigne pas fondamentalement du style présenté ci-dessus, sauf que cette fois, c'est le mythique Lp5 d'Autechre qui nous vient à l'esprit à l'écoute de cet opus impeccable.
Là encore, pas de révolution sonore, mais une maîtrise imparable du Beat qui fait de ces 12 morceaux des classiques immédiats.
On se prend souvent à dodeliner de la tête et à taper du pied en écoutant distraitement cet album, qui, une fois n'est pas coutume, n'est pas lésé au niveau mélodique. C'est assez rare pour être signalé.


Nine Horses - Snow Borne Sorrow (écouter)

Pour le coup, ça n'a pas grand à voir avec le reste : Nous voici ici avec David Sylvian pour son dernier album, sorte de retour aux sources "pop" après un Blemish ambient et minimaliste renversant.
Là encore, pour qui connaît un tant soit peu Sylvian (et personnellement je ne le connais que depuis un mois, mais attention, pas personnellement hein, enfin... si... mais non... oh et puis merde), la surprise n'est pas énorme, mais le plaisir d'entendre une nouvelle fois sa voix inimitable est, lui, intact.
Dès le morceau d'ouverture Wonderful World, on est immédiatement séduit par ce flot lancinant et cette instrumentation luxuriante mais jamais imposante, sophistiquée et simple à la fois.
Ajoutez à cela quelques cuivres bien amenés et vous obtenez sans peine l'album le plus classe de 2005 (ok, c'est nul comme conclusion).

Max Richter - Memoryhouse / The Blue Notebooks (écouter)(écouter)

Deux albums de Max Richter pour finir : on appelle ça du néoclassique ou encore du classique contemporain. Le monsieur a collaboré notamment avec Arvo Part et ça s'entend :

On y retrouve ce goût des longues mélodies faites de notes de pianos éparses et minimalistes (est-ce donc cela qu'on appelle le tintinabulla ?).

Sur Memoryhouse, sorte de compilation/album conceptuel, certains morceaux se font bien plus nerveux et épiques, et ne sont pas sans rappeler certaines compositions de Philipp Glass.

The Blue NoteBooks est lui plus intimiste, et plus cohérent que le précédent, sans pour autant renier cette veine très romantique pas très éloignée d'un Michael Nyman.
On a beau être en plein dans une veine néoromantique, ces deux albums n'en sont pas moins magnifiques et délicieusement agréables à l'écoute.







Le morceau du jour :
Max Richter-The Last Days


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01 janvier 2006

Le post du 1er janvier

Ceci est un post du nouvel an.

Non franchement, à part çà, rien de neuf.
Ben oui, les fêtes de fin d'années c'est bien sympa, mais c'est pas le ventre plein qu'on trouve des trucs à dire avec des belles phrases et tout et tout.
Alors voilà, je ne vous souhaiterai pas bonne année parce que j'en ai pas envie et puis c'est tout.

Zut à la fin.

Le morceau du jour : David Sylvian-Damage


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