15 mars 2006

Lutte des classes, topless et marmottes

Suite aux demandes insensées de mes nombreuses groupies, dont la plus hystérique n'est autre que Glou, je me vois dans l'obligation de clarifier ma position quant au CPE.

Vous n'êtes pas sans savoir, cher lecteur, que notre beau campus fait l'objet depuis quelques semaines d'une agitation inhabituelle.
Certaines personnes auront pu, en tendant l'oreille, entendre les mélopées gracieuses, mais non moins militantes, de quelques étudiantes dans la fleur de l'âge (on le serait à moins en cette période pré-printanière).
De ces graciles bouches, des syllabes, modelées par le mouvement fluide de lèvres purpurine, s'envolaient dans l'air et s'entrechoquaient pour former quelques incantations elfiques, opaques pour le prophane, mais dont la sonorité ferait naître en chacun de nous l'envie irrépressible de s'initier aux rites ancestraux dont ces amazones juvéniles se tenaient en gardiennes.
Le passant, donc, pouvait entendre ces termes (retranscrit maladroitement, certes, votre humble serviteur n'ayant la grâce de ces nymphes) :
« Villepin, ton CPE on va te le foutre au cul ! »
« Sarkozy nazy ! »
« T'aurais pas une clope ? »

Attiré tel Ulysse, par ces sirènes irréelles, je me dirigeai donc vers un lieu que l'on m'indiquait, lieu oscur et menaçant, communément nommé « Amphi » . Une fois ma place acquise, je pus à loisir écouter les différents protagonistes, et crû comprendre qu'il s'agissait là d'une assemblée de doléances, ou chacun pouvait exprimer ses souhaits et désirs, dans l'attente qu'ils furent exaucés par ces bienveillantes nymphes.

Comprenant là qu'il s'agissait de mon seul espoir de voir aboutir quelques unes de mes requêtes qui me tenaient à coeur, et que je ne pouvais jusqu'ici adresser à Dieu (d'ailleurs, si tu m'écoutes, t'es rien qu'un sale batârd de ta race), j'entrepris alors de lever mon bras, ce qui eut pour effet de m'infliger une crampe mémorable.
Je compris vite, cependant, en regardant autour de moi, que je n'étais pas le seul pauvre bougre à quérir l'attention de ces demoiselles :
De nombreux gueux erraient ici, les cheveux sales et en batailles, les fripes déchirées et la mine encore marquée de la vinasse d'hier, et tous semblaient attendre que le sort se penche sur eux et leur fasse entrevoir un avenir meilleur.
Les demandes de la plupart d'entre eux laissaient deviner une dégradation de leurs facultés cognitives déjà bien avancées, et, bien que je ne pus comprendre entièrement leurs conversation, je compris bien vite que ces pauvres âmes étaient en état de manque d'une de ces nouvelles drogues, dont la formule chimique neutre et impassible, « CPE » cachait d'effroyables effets dévastateurs (on parlait notamment de précarité forcée, voire de sodomie sans agréments exercée sur le brave travailleur).

Puis ce fût mon tour. Une jeune danaïade me demanda alors d'exprimer mes souhaits. L'attente me fut propice et j'en avais profité pour rôder mon discours :

"Camarades, camarades, je me réjouis de me retrouver parmi vous en ce jour, et je ne puis cacher mon immense joie d'enfin pouvoir vous adresser, gracieuses et agiles gazelles, mes souhaits les plus chers et les plus profonds.
Comme vous ne le savez peut-être pas, au fin fond de ce pays sauvage et hostile qu'on appelle les Alpes, existe un fier peuple de petits rongeurs marxistes, un peuple maintes et maintes fois repoussé par les hordes de vils bergers capitalistes enculés de mes deux, un peuple harcelé par les milices fascisantes de rapaces diurnes à l'accent allemand fortement douteux. Et pourtant c'est un peuple debout, oui mes frères et mes soeurs. Debout, sur leurs pattes arrières, les marmottes résistent.
Mais pour combien de temps ?
S'ensuit un appel vibrant à la solidarité avec le peuple marmotte, j'avais fait un super truc, si si j'vous jure, sauf que mon texte était dans la poche gauche de la veste que je viens d'emmener au pressing. Comme quoi tout peut arriver, m'enfin bon c'est pas grave, l'important c'est que tu kiffes la vibe du moment que je te raconte. Yo.

Un autre point important que je voudrais soulever me tient plus à coeur :
Comme vous le savez le printemps approche, et au printemps, il est de l'habitude de la femelle de se dévêtir partiellement afin de mieux profiter de la brise légère qui lui parcours les avant-bras. Or mes amis, vous n'êtes pas sans avoir qu'une imbécile coutume interdit la donzelle de profiter pleinement de ce confort total, de cette sensation du vent frais qui vient caresser son corps libéré de toute entrave. Aussi pour cette liberté fondamentale qui vous est honteusement refusé je demande l'abrogation totale du vêtement pour la gent féminine !"

N'importe quel public normalement constitué eût alors constitué une standing ovation triomphale pour ce qui constitue, à ma connaissance l'une des revendications les plus progressistes qui soit.
Mais ici, rien.
Niet.
Nada.
Queud'.

Les plus enthousiastes haussèrent à peine les épaules, les autres me regardaient avec une expression toute bovine, et je compris dans leur regard la tragédie de notre époque.
Je m'en allai alors, déçu, et décidai d'aller me pinter la gueule.



L'Album du jour : Dominique A - L'Horizon


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13 mars 2006

Ba alors, qu'est-ce tu fous ?

Puisque le maître des lieux nous a abandonné pour la lutte armée, autant en profiter pour repeindre les murs en magenta.


Il est étrange de constater le silence assourdissant de ce blog sur ce qui se passe actuellement à Gnussieu. Pas un mot de Bubu sur un sujet dont il est pourtant friand, un silence d'autant plus étonnant qu'il s'agit là de son domaine de prédilection, un peu comme si mamie nova ne donnait plus son avis sur les crèmes dessert.
Pourtant, Bubu, je l'ai connu plus disert sur les grandes préoccupations sociales de notre temps. Il fallait le voir prendre violemment position contre le projet de constitution européenne, arpentant les débats de boisson pour participer aux débits, dévidant son trop-plein d'exaspération citoyenne devant ce gouvernement anti-social. Mais, aujourd'hui, tout semble brisé. Bubu ne prend plus part aux vociférations, il est tout près de se ranger dans la cohorte des sans-avis, indifférent au blocage de son université et pas loin de ne plus s'offusquer de ce nouveau contrat concocté avec soin pour lui laisser, à lui comme à d'autres, le plaisir adolescent de s'insurger.
Point d'insurrection pourtant. D'autre que Bubu ont pris la tête du mouvement. Lui promène sa démarche mal assurée dans les manifestations, sans plus aller au contact avec les CRS toujours prêt à partager leur point de vue.

De réflexion sur le fond - ce drôle de contrat - ou sur la forme - cet embargo embarqué de l'université - il n'y a point ici. Nul doute que ce post entraînera une réponse, mais on eut aimé un éclairage moins commandé, avec cette spontanéité non exempte de maladresse dont il sait faire preuve lorsqu'il enjambe le monde arabe sans plaindre les Irakiens.

Alors, pour ou contre le CPE, ma foi, quelle importance ? Les positions qui font consensus n'ont guère d'intérêt. C'est sur d'autres choses qu'il serait utile de l'entendre : comment assume-t-on tous ceux avec lesquels on défile, que penser du fameux "je préfère avoir tort seul que raison avec les autres", etc... Il trouvera bien d'autres petites choses à dire, pour peu qu'il veuille bien sortir de son assourdissant mutisme.


Le morceau du jour : Little Red Riding Hood Hit The RoadRobert WyattRock Bottom


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