28 novembre 2005

Du consumérisme en temps de dépression : un post chanson française

J'ai honte...

Oui, j'ai honte, et je ne sais même pas pourquoi.
Enfin si.
Enfin presque.

Bon, c'est assez difficile à expliquer. Alors voilà : Aujourd'hui moi zé mes camarades avons eu un examen. Jusqu'ici rien que de très normal me direz-vous, sauf que cet examen fût à moitié raté, ou à moitié réussi si on est optimiste.

Et puis ça m'a repris. Telle une irrépressible envie survenue d'âges reculés, celui où l'homme primitif chassait le mammouth en peau de buffle afin de se nourrir de viande crue-plutôt que celui où la ménagère de moins (ou plus d'ailleurs) de cinquante ans va au mammouth en fourrure synthétique afin de de se nourrir de saloperies réchauffées au micro-onde.

Telle, donc, une impulsion animale, j'ai voulu m'acheter des CD.

Plein.

Ainsi, me voilà en quête de mon disquaire favori, bravant en cela le froid extrême de cette fin novembre. Arrivé devant le magasin fatidique, je ne fais ni une ni deux (ni 3,141616) et hop ! Je rentre. Je ne suis alors pas encore conscient des conséquences qui allaient découler de ce geste d'apparence si anodine.

Je n'y reste pas longtemps. Je furète par ci par là, et ma main pioche d'elle-même les objets de ma convoitise. Deux, c'est tout, ma raison garde encore le contrôle de mon comportement. Puis, je repars.

Et je rentre chez moi.

Pendant le transport, un peu par hasard, je décide d'écouter le dernier Bashung (L'imprudence, téléchargé en toute impunité sur le lieu de refuge des nazis et des pédophiles) et là c'est le drame :

« Rooh, mais il est drôlement bien ct'album ! Et si j'allais l'acheter à la Fnac ? »

Un éclair déchire le ciel dans un fracas étourdissant, le train semble filer à toute allure. Je peux lire la peur dans le regard des passagers que je croise. Il n'est pourtant pas trop tard. Je pourrais encore tout arrêter. J'en ai le pouvoir. Mais un funeste mécanisme s'est mis en marche. Le point de non-retour est dépassé et sur le moment, je n'en ai pas conscience.

Le trajet se déroule sans encombre, et mon visage ne laisse rien transparaître de mes intentions.

Retour. Maison. Chat. Internet. Vide.

Vide...

Vide.

« He, mais j'ai un bon Fnac, cool, j'vais pouvoir acheter le dernier Bashung avec ça ! »

Sur la route qui borde ma cité-dortoir-pour-vieilles-riches, un automobiliste dérape, emboutit la voiture qui le précède, effectue cinq tonneaux, et s'encastre dans un peuplier qui n'avait rien à faire là.

Fnaic. Noël approche. Les vendeurs vendent, les clients achètent. Je me dirige, une fois n'est pas coutume, vers le rayon chanson française. Entre Alizée et Brel, j'aperçois l'étiquette Bashung qui m'indique que je fais bonne route. Je parcours les différents albums.

Ô misère !

L'imprudence est à 23 € !

J'examine un peu mieux : Ah ! Un coffret qui regroupe trois albums de Bashung (dont L'imprudence) est à 25,50 €.

Dilemme. Que choisir ?

Le coffret qui regroupe L'imprudence, donc, Fantaisie Militaire, et Osez Joséphine présente l'indéniable avantage du trois pour le prix d'un. En même temps Osez Joséphine c'est un peu de la merde.

L'album seul, lui, se présente sous la forme d'une très belle pochette cartonnée (j'adore les pochettes cartonnées), et puis, au départ c'est un peu ce que je voulais. Mais 23 € !

Ne rien prendre est une autre possibilité, mais ça me fait un peu chier de m'être déplacé pour rien, et puis, comme je l'ai dit au début, je suis possédé.

Je scrute dans d'autres bacs afin de chercher un coffret, entrevu sur le site de la Fnouc, ne regroupant que ses derniers opus, au prix très consensuel de 16,50 €. Rien.

Las, cédant aux sirènes de la consommation de masse, de la braderie de notre patrimoine culturel, j'opte pour le coffret.

Et soudain, j'ai honte. Surgit alors du tréfonds de mes pensées les plus obscures un cauchemar qui devait marquer ma vie entière :

Je suis à la Fnok, les promontoires qui s'offrent à moi me présentent le dernier album de Jean-Louis Aubert. « Attention Guignol, c'est un piège ! ». Trop tard, je voudrais tout faire pour arrêter ça. Mon coeur bat fort. Ma main, guidée par une inextricable force qui ne peut être que d'origine satanique, empoigne le funeste objet, et, malgré ma volonté, je me dirige vers les caisses. Je paye.

Mon dieu ! Rien qu'à vous le raconter j'en ai des sueurs froides. Depuis chaque fois que j'y repense, je ne peux retenir quelques larmes de couler sur mon visage grave.

Ben en achetant le coffret Bashung, c'est un peu la même sensation.

Voilà, Fantaisie Militaire vient de se terminer, et son écoute aura accompagné l'écriture de ce post catharsique, à vocation plus psychanalytique qu'autre chose.

D'ailleurs, il est pas mal cet album.


Ps : Comme les plus perspicaces d'entre vous l'auront deviné, je n'ai bien évidemment nullement acheté un album de Jean-Louis Aubert (déjà que j'éxèvre Téléphone...), il s'agissait d'un rêve, ou plutôt d'un cauchemar...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Cher bUbU,
outre la peine que je ressens à l'idée que vos bourses s'éloignent à mesure que vous râtez vos examens, une remarque m'interpelle concernant l'évolution que vous souhaitez imprimer à cet endroit de débauche pataphysique : vous prétendez n'avoir pas acheté le dernier album d'Alizée, je crois que c'est une erreur marketing. Pourquoi ne pas afficher plus clairement vos prises de position en faveur de la jeune chanson française ?

Je me souviens encore avec émotion de cette matinée campingnonaise où vous allâtes prendre une douche dans les sanitaires handicapés (ben oui c'est propre et plus spacieux) ; sur vos lèvres s'envolaient des refrains à la MODE ("C'est pas ma faute-eu, et quand je donne la langue au chat je vois les autre-eus tout prêt à se jeter sur moi ...", "C'est super les week-end yeah yeanh yeah", "Au soleil, tralalalalala au soleil"). Des enfants de banlieue vous regardaient en chatouillant leurs boules de pétanque (je comprends mieux maintenant ce que vous déclenchâtes alors chez eux) tandis que vous oubliiez de fermer la porte des douches, dans un esprit de totale ouverture d'esprit cosmique vers un nouvel âge réminiscent.

Bref, cette jeunesse qui vous caractérise vous attira cet été de nombreuses fans parmi la population pré-adolescente du camping, et je m'offusque un peu que, oubliant cette inclinaison première, vous en oubliez par là même le plus sûr moyen de faire de l'audience auprès des jeunes : ouvrez donc une chronique starac sur ce blog.

C'était le conseil de Glou.

Anonyme a dit…

A noter qu'à la 57 seconde de la deuxième piste c'est Hervé Chamard et non Julien Lorba qui fait les maracas (il était malade ce jour là).

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