16 novembre 2005

Quiproquo

Il se réveille en sursaut la nuit.

Il a entendu quelqu'un. En bas. Il se lève en prenant soin de ne pas réveiller sa femme qui dort à poings fermés. Il descend l'escalier sur la pointe des pieds, manque de trébucher sur la dernière marche. Il passe à la cuisine, ouvre un tiroir et en sort un couteau long et tranchant.

Il écoute.

Du bruit.

Dans le salon.

Son coeur s'affole, mais il s'efforce de rester calme. Il avance doucement jusqu'à apercevoir une ombre qui s'agite.

Il a peur.

Il n'ose dire un mot. Il retient même sa respiration quelques secondes.

Il a peur.

Puis il s'élance vers l'intrus. Ses doigts se resserrent sur le poignard, son bras se lève, la lame est suspendue un court instant au-dessus de l'autre...

Pendant un moment, il lui a semblé qu'il le connaissait.

...puis elle s'abat et s'enfonce facilement.Trop. Ses doigts se tendent, il fait un pas en arrière, surpris.

Bruit sourd d'une tête qui frappe le carrelage. Il comprend ce qui vient de se passer. Il fait sombre, mais il s'imagine la scène sans problème:
Son fils, étalé sur le sol, une flaque rouge qui s'étend. Des pas dans l'escalier.


Elle s'est réveillée.

3 commentaires:

Bubu a dit…

Bon je sais, c'est pas gai, mais j'avais cette histoire qui me trottait depuis un moment dans la tête. Alors vu que j'ai un super blog maintenant autant en faire profiter les autres !

Anonyme a dit…

Capitaine,

Avez-vous remarqué comme il est saugrenu que l'homme, que la peur broie dans son étau, aille dans la cuisine ? Je me demande s'il ne faut pas voir dans ce détail révélateur un facteur essentiel de votre psychologie. Il est de fait que la vie de famille vous effraie : cette femme innommée, qui dort à poings fermés, vous semble inaccessible (les poings fermés sont un signe de la distance qu'il y a entre vous), et est celle-là par laquelle vient le jugement à l'issue de votre histoire. A cet égard, le fait que vous identifiez la cuisine comme une armurerie est significatif du pouvoir de la femme sur vous.
C'est un homme peu assuré, anxieux, qui marche sur la pointe des pieds, trébuche, hésite, n'allume pas la lumière - son fils non plus, ô pouvoir castrateur de la femme !
Cette femme, qui se lève aussitôt le bruit entendu, n'a pas peur.

D'ailleurs, sublime, la dernière phrase la voit perdre sa féminité Elle s'est réveillé.

Bubu a dit…

Quelques réflexions sur votre commentaire psychanalitique :
1) il me semble au contraire normale qu'un homme range ses couteaux dans la cuisine plutôt que dans sa chambre à coucher, sauf, si bien sûr il est adepte de pratiques sexuelles douteuses
2) effectivement il y a un e censuré, je m'en vais lui redonner le droit à la parole de ce pas.

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